Bon, nous voilà aux pieds de Poon Hill. Afin de profiter du lever du soleil et prendre de superbes photos, il est prévu de se lever assez tôt, vers 5h du matin. Réveil difficile. La douleur qui m’a réveillé pendant la nuit n’est pas partie.
Nous nous préparons tranquillement, du mieux qu’on peut, pour rejoindre le groupe en bas. J’ai bien du mal a respirer ce matin. Ça va passer en se chauffant avec la montée. Évidemment le trajet débute avec de nombreuses marches. Nous repassons dans les rues de la veille, puis prenons une ruelle qui monte encore plus, en direction de Poon Hill. Il fait nuit noire, et nous avançons à la lumière des frontales.
Nous quittons le village par une vieille barrière rouillée, laissant passer une seule personne à la fois. Les marches deviennent inégales et j’ai de plus en plus de difficultés à suivre le rythme. Tout le monde marche bien vite ce matin !
Au fil des marches, j’avance de moins en moins bien. J’ai du mal a respirer. Et je suis totalement largé, je ne vois plus les lumières du groupe devant moi. Seul dans le noir, je dois me l’avouer. Je n’arriverai pas pour le lever du soleil ! Si j’y arrive tout court. Mais comment les prévenir ? Pas de téléphone, difficile de monter, que faire ? Normalement tout au long du trajet, il y avait toujours une « voiture balais » mais aujourd’hui, n’étant qu’un simple aller-retour, s’en est-on passé ?
Obligé de reprendre mon souffle à cause de la vive douleur dans la poitrine, je n’ai pas le choix que de m’arrêter. Puis je vois deux lumières arriver derrière moi. Il s’agit d’un membre du groupe en retard et du fameux guide balais. Quelques échanges essoufflés avec Mickaël finissent de me convaincre de redescendre. « J’ai un problème aux poumons mec »…
Nous expliquons la situation au guide balais, peu bavard, en anglais. Il file en tete de groupe en courant pour prévenir le chef guide, me demandant d’attendre sur place. Me voilà à nouveau dans le noir… et toujours très difficile de respirer. Les minutes passent, je me fais dépasser par quelques personnes qui me saluent, ne sachant rien de ma condition.
Peu de temps après, le guide me rejoint et nous descendons. Je me retrouve dans la semi obscurité, dans la salle à manger du lodge. C’est un peu sinistre comparé à la veille. Et je ne peux même pas voir le soleil qui se lève avec la condensation. Quel dommage.
Il a peu près 6 H du matin, et le second au chef guide arrive, me demande ce que j’ai, et m’apporte sans me demander une soupe à l’ail. Ouh. Dur. J’ai beau essayer, cela fait deux jours que je ne mange plus et un soupe à l’ail ne me parait pas plus appétissante. Le gout n’est pas mieux. Impossible. Tant pis. C’est dommage de gâcher mais je n’y arrive pas.
Un thé passe un peu mieux, puis vers 7h on me propose des pancakes. Pourquoi pas. Mais non en fait. Toujours pas faim. La douleur ne passe pas. Et bon visiblement rien ne se passe. Je demande si on peut aller voir un médecin (s’il y en a un dans ce tout petit village). Mise en mouvement. Nous partons sur le même trajet que le matin, commençant à monter les marches menant à Poon Hill. Prise d’information auprès des locaux. Demi tour. Nous partons … vers la seconde partie du village.
Le trajet est en descente. J’y vais lentement mais surement. Nous arrivons à un dispensaire local. Le médecin ne semble pas là et les guides vont chercher l’infirmière de service. Pas d’auscultation. Pas de stéthoscope disponible. Prise de température à 41°C. Son conseil est d’aller à l’hôpital et elle me confie un mélange paracétamol/ibuprofène. Why not.
Le retour est bien plus pénible que l’aller. Il faut remonter. Chaque marche est un calvaire, malgré le soutien des guides. Beaucoup de temps passe avant le retour au lodge, mais le groupe n’est toujours pas rentré. Sun Maya m’attends par contre, et m’invite à m’allonger pour récupérer. Je prend les médocs et j’attends donc. Évidemment rien ne passe. Nous discutons des options possibles. Il y a soit une marche de 8H pour rejoindre la route pour prendre un bus et rejoindre Pokhara, soit rester avec le groupe pour deux marches relativement courtes.
Les souvenirs du voyage en bus deux jours auparavant, ressurgissent. Peu reluisant. Surtout dans un contexte de bus blindé de népalais. A l’inverse, deux jours de marche, avec une nuit en lodge, et le lendemain retour en 4×4, cela semble plus sympa, et permet de rester avec le groupe. Pas d’abandon.
Avec une telle température, la volonté prend le dessus. Évidemment je veux finir le séjour. J’en chierai un peu, tant pis, mais les 8h de marche ne me font pas plus envie (comparé à 5+4, l’écart n’est pas si grand). Pas trop de discussion, si ce n’est avec Stéphanie, autre membre du groupe, qui propose que j’ai une pneumonie. Aucune idée de ce que c’est. Je me dis qu’on est pas à une journée prêt, et personne n’argumente dans l’autre sens. Un peu de fièvre qui sera maitrisée à coup de paracétamol et roule.
Nous nous mettons en marche, dispositif spécial. On me prêtera des bâtons de marche, et on portera mon sac. Plus léger, et avec une volonté d’avancer, je marche mieux que le matin. (la fièvre ayant surement aussi dû redescendre avec le paracétamol.
Nous descendons dans une superbe forêt de rhododendrons, sûrement centenaires. Le chemin est superbe, et en majorité descendant. Nous nous arrêtons en bas de vallée pour le repas. Toujours guère faim, mais je me force à manger un plat de légumes.
Nous repartons ensuite finir la rando, il ne reste qu’une petite heure de marche, mais avec une montée à la fin. J’arrive à suivre le rythme sur du plat et en descente, mais en montée, non. Je termine donc la petite ascension seul avec le guide, à la volonté. Ce ne sont que 200m de dénivelés positifs mais ils me mettent à plat.
En arrivant, tout le monde s’est déjà installé. En récompense de mes efforts, par contre, je peux profiter d’un superbe coucher de soleil qui enflamme les nuages.
Nous sommes arrivés à Tadapani. Pour notre dernier repas en lodge ! Nous partagerons le repas avec les porteurs, pour la seule fois du séjour.On nous sert un Dal bhat à manger avec les doigts, à la Népalaise. Déjà pas très en forme, je m’abstiens. Je me force à manger un bout, sans trop de conviction.
La nuit va être compliquée.